Objectifs et activités du centre
Aujourd’hui, le CETHEFI poursuit l’édition de pièces manuscrites ou jamais rééditées. Il développe des projets menant à la création d’outils numériques pour permettre de nouvelles approches de la musique (Theaville), des registres de théâtre (Recital), de l’iconographie (VESPACE). Il forme des étudiants à la recherche et collabore à des spectacles et à des expositions.
En lire plusLe CETHEFI travaille à la publication de nombreuses pièces manuscrites des théâtres de la Foire et de la Comédie-Italienne, sous la forme (d’éditions séparées, de recueils ou en ligne (200 parodies d’opéra sur le site (theaville).
Il conduit actuellement un programme de recherche « Contrainte et Intégration : pour une Réévaluation des Spectacles Forains et Italiens » (CIRESFI) soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR).
Il forme de nombreux étudiants à la recherche lors de leur mémoire de Master ou de leur thèse, et met à leur disposition des microfilms numérisés de pièces inédites, ainsi qu’un fonds documentaire spécialisé.
Les membres du centre (doctorants et étudiants de Master 2 inclus) publient des articles, donnent des communications dans des colloques français et internationaux. Ils collaborent activement avec les chercheurs spécialistes des théâtres de la Foire et de la Comédie-Italienne en France et à l’étranger (Italie, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, etc.).
Le CETHEFI travaille en partenariat avec plusieurs structures culturelles (Angers Nantes Opéra , Centre de musique baroque de Versailles , Musée des Beaux-Arts de Nantes ) ainsi qu’avec des ensembles musicaux (La Simphonie du Marais d’Hugo Reyne, Les Lunaisiens d’Arnaud Marzorati) et avec des compagnies de théâtre (L’Ambigu Comique de Jean-Philippe Desrousseaux, Bel Viaggio de Chantal David). Il développe avec eux des actions de communication, de création ou de valorisation de la recherche.
Les théâtres de la Foire
À la fin du XVIIe siècle existent à Paris trois scènes officielles : la Comédie-Française (fondée en 1680), la Comédie-Italienne et l’Académie Royale de Musique. En marge, les théâtres de la Foire vont attirer tout Paris jusqu’ à la fin du XVIIIe siècle. Les spectacles ont lieu pendant de grands rassemblements commerciaux, la Foire Saint-Germain en hiver et la Foire Saint-Laurent en été.
En lire plusLors de chacune de ces foires, qui dure deux à trois mois, plusieurs théâtres – souvent trois ou quatre – présentent leurs spectacles aux formes diverses. En proie aux attaques continuelles des théâtres officiels, les théâtres de la Foire se développent malgré les procès, en faisant preuve d’une prodigieuse inventivité. Quand la Comédie-Française, jalouse du succès des forains, leur interdit le dialogue, ils donnent des pièces en monologues. N’ont-ils plus le droit à la parole ? ils chantent. L’Académie Royale de Musique les en empêche en faisant valoir son privilège ; ils imaginent alors de faire chanter le public sur des airs connus en montrant les nouvelles paroles sur des écriteaux, à moins qu’ils n’acceptent de payer une redevance à l’Opéra, et créent ainsi l’Opéra-Comique. Va-t-on jusqu’à interdire les acteurs ? Ils développent les spectacles de marionnettes…
Les Foires parisiennes accueillent donc plusieurs théâtres au fil des décennies, certains par exemple n'existent pendant quelques années (tel le Nouveau Spectacle Pantomime entre 1746 et 1751 pendant que l'Opéra-Comique est fermé). Dans la seconde moitié du siècle, le pouvoir se fait plus libéral et de nombreux théâtres émergent dans les Foires (comme l'Ambigu-Comique) mais auront bientôt aussi une salle sur le boulevard du Temple notamment après de l'incendie de la Foire Saint-Germain en 1762. On va même jusqu'à ouvrir une nouvelle Foire, la Foire Saint-Ovide qui de 1764 à 1777 accueillera pendant l'été de nombreux spectacles. Jusque pendant la période révolutionnaire les salles foraines seront louées, exploitées pour satisfaire le goût du public pour des spectacles variés.
Et la Comédie-Italienne ?
Venus d’Italie et installés en France depuis le XVIe siècle, des comédiens italiens ont conquis le public parisien avec leurs masques, leurs types (Arlequin, Mezzetin, Scaramouche, Polichinelle, Pantalon…) et leurs scenarii de commedia dell’arte. Louis XIV les institue « Comédiens ordinaires du roi ». Peu à peu on mélange des scènes en français aux canevas en italien. Mais, en 1697, le roi ferme leur théâtre, leurs spectacles étant jugés trop irrévérencieux.
En lire plusIl faut attendre la mort de Louis XIV pour que la Comédie-Italienne soit rouverte en 1716 par le Régent, qui fait venir d’Italie la troupe de Luigi Riccoboni dit Lelio. Celui-ci, chef de la troupe, cherche à éloigner le théâtre italien de la farce et de la pure commedia ; ses acteurs jouent ainsi un répertoire mixte comprenant des canevas hérités de l’ancienne comédie italienne (dont les acteurs jouaient dans la même salle que Molière avant sa mort) mais aussi des comédies en français, des comédies en partie chantées (opéras-comiques) et des parodies. C’est à la Comédie-Italienne que Marivaux donne ses pièces les plus connues. Des acteurs vedettes, comme Thomassin puis Carlin y incarnent le type d’Arlequin bien aimé du public parisien. Silvia, qui y brille, est considérée comme une des meilleures actrices de Paris.
En 1762, la Comédie-Italienne rachète le répertoire de l’Opéra-Comique de la Foire, récupère une partie de sa troupe et devient propriétaire du privilège de l'OC en s'engageant à payer une redevance à l'Opéra pour faire représenter officiellement des pièces dialoguées et chantées, avec musique, chants et danses. Elle est désormais composée d’une troupe française et d’une troupe italienne. En 1779 les acteurs italiens sont renvoyés, les pièces italiennes sont proscrites du répertoire, au profit de l’opéra-comique français. La Comédie-Italienne devient alors le lieu de représentation du drame au ballet, en passant par le vaudeville, la comédie et l’opéra-comique.