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Il y avait une unique pièce de Marivaux en Avignon

La Surprise de l'amour / Le théâtre de l'espoir / Compagnie Pierre Lambert

Mise en scène : Pierre Lambert
Assistante : Marjorie Heinrich
Avec : Sarah Capony, Anne Girouard, Erika von Rosen, Valéry Forestier, Sylvain Marmorat et Romans Suarez-Pazos.
Scénographie : Christian Fenouillat; lumières : Patrick Chizzotto; musique: Christophe Arnulf; costumières : Christine Longelin et Anne Boulier
Relations publiques / Administration : Anne de Bréchard

Marivaux perd indéniablement des places dans le classement des auteurs à la mode. Encore quelques mises en scène en Avignon l’an dernier mais une seule cette année. Feydeau semble en passe de devenir la coqueluche du moment et c’est désormais aux cocottes qu’on va trouver de la profondeur révolutionnaire et des hauteurs métaphysiques…

La Compagnie Pierre Lambert, en résidence à Dijon, a été la seule à choisir de jouer Marivaux cet été. La Surprise de l’amour est l’occasion, pour Pierre Lambert, de diriger de manière énergique six comédiens délurés et fringants dont le talent mérite d’être encouragé. Le résultat n’a rien d’original mais constitue un travail honorable de facture classique, aux mozartiennes couleurs.

La mise en scène de Pierre Lambert est vive et enjouée. Les déplacements, les allers-retours, les volte-face et les tête-à-tête impromptus s’enchaînent avec fluidité. La fraîcheur et le dynamisme des jeunes acteurs sont exploités avec finesse et ces derniers font preuve d’une réelle intelligence du texte et de ses enjeux dans leur interprétation. Sarah Capony, Anne Girouard, Erika von Rosen, Valéry Forestier, Sylvain Marmorat et Romans Suarez-Pazos parviennent à rendre compte de la rouerie et de la tendresse, de la malice et de la vanité, de la sincérité et de la grâce des héros avec une belle ardeur et un talent indéniable qui parviennent presque à faire oublier des décors inutiles de laideur. On pourra regretter sur ce dernier point un manque d’originalité qui tend à brider les qualités dramatiques des comédiens qui semblent parfois revenus, entre les plaques en contreplaqué tricolore et le faux arbre branlant, aux temps joyeux des spectacles de patronage. Faute de moyen, mieux vaut parfois s’abstenir et faire le pari de l’évocation contre le réalisme.

L’ensemble n’est pas mémorable mais demeure piquant et sympathique et constitue un spectacle d’honorable tenue. La Compagnie Pierre Lambert continue son travail de patience, montant, année après année, quelques grandes pièces de répertoire. Fondée en 1982 par Pierre Lambert après le succès des Métamorphoses de Robinson, la compagnie présente, chaque année depuis 1994, un nouveau spectacle à la Présence Pasteur, faisant preuve de sérieux et d’obstination dans son artisanal engagement.

Catherine Robert