CIRESFI : 2014-2018

CIRESFI : 2014-2018

Objectifs

En prenant en compte les travaux déjà existants sur la Comédie-Italienne et les théâtres de la Foire, notre projet entend dépasser l’approche monographique traditionnelle et croiser différents types d’analyse, dramaturgiques, historiques, sociologiques, linguistiques. Le projet CIRESFI vise quatre objectifs globaux.

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Le premier objectif sera une contextualisation historico-juridique qui retracera minutieusement les étapes de l’intégration et l’institutionnalisation progressive des Italiens et des forains. Seront mobilisés les chercheurs spécialistes de la question des privilèges, du rapport de la culture avec le pouvoir. Quant aux théâtres de la Foire, le projet étudiera séparément le spectacle de l’Opéra-Comique, les théâtres de marionnettes, les scènes de danseurs de corde, les théâtres de pantomime (selon les interdictions en vigueur). C’est précisément ce point de transition où se développent des formes concurrentes du théâtre officiel privilégié que nous souhaitons explorer dans ce projet : loin de se réduire à un simple épiphénomène dans l’histoire de la représentation scénique, ce qui se joue ici est l’émergence d’une certaine idée du « populaire », bien différente des farces du Moyen Age, mais qui a occasionné des perspectives fausses. Qui soupçonne que le Roi se rend aux marionnettes ?

Un deuxième objectif sera d’analyser l’apparition de nouveaux genres liés à la contrainte et à la concurrence entre les scènes, ainsi que les mutations du goût que ces innovations entraînent. On étudiera comment malgré les phénomènes de censure ou d’interdictions, les théâtres résistent par l’invention de nouvelles formes dont certaines vont être pérennisées, comme l’opéra-comique, et devenir patrimoine national français qui s’exporte en Europe. En ce qui concerne la Comédie-Italienne, CIRESFI se concentrera sur l’édition et l’étude de pièces entièrement ou en partie en italien (une idée fausse consiste à penser qu’on joue en français à la Comédie-Italienne à partir de 1718 ; or des pièces en italien continuent à être représentées jusqu’en 1779). Pour la première fois seront mises en évidence les étapes de l’abandon de la langue italienne, la survivance des types italiens (Arlequin, Scaramouche, Polichinelle) et leur francisation progressive. L’objectif est aussi de pouvoir quantifier et analyser la variété du répertoire de la Comédie-Italienne : la tradition académique n’a retenu que les comédies en français ; alors qu’on donnait pourtant aussi dans ce théâtre des canevas en italien, des comédies-ballet, des opéras-comiques, des ballets-pantomimes, des pastorales, des tragédies burlesques, des tragicomédies, et des spectacles pyrotechniques.

Un troisième objectif sera de repenser toutes les étapes de la création dramatique en ne la limitant pas au texte : étudier l’économie des spectacles : organisation et production. Il s’agira à terme de pouvoir mettre en relation tous les éléments et événements qui concernent les spectacles des théâtres forains et italiens, depuis le coût de la production, les accessoires utilisés, les acteurs employés, les partitions, les danses, et d’obtenir des renseignements fiables sur l’évolution du droit d’auteur. Compte tenu de la masse très importante d’archives à exploiter, il est indispensable d’utiliser un tremplin technologique permettant l’exploitation de cette matière (quatrième objectif) : outre la phase de reconnaissance manuscrite, qui doit permettre l’extraction d’informations dans des formats numériques standards, l’abondance des données recueillies implique la mise en œuvre d’une méthodologie d’exploration et d’analyse encore inédite dans le contexte de la valorisation de ce patrimoine culturel et immatériel. Les défis sont multiples : (a) la collecte rigoureuse et systématique des données issues des documents d’archive (b) l’évaluation de la qualité des données recueillies (c) la formalisation d’une méthodologie pour l’analyse et l’exploration des données (d) la compréhension des données extraites.


Programme de travail

Le premier axe de travail, l’enquête historico-juridique, sera surtout confié aux historiens, avec une aide très attendue de la compétence des chercheurs américains et anglais. Plusieurs missions seront organisées dans les archives afin de compléter les relevés de procès-verbaux faits au XIXe siècle par Campardon. On se livrera à une étude approfondie des publics à partir des registres (par catégorie de place) et d’autres documents (procès-verbaux, témoignages...) pour mesurer précisément la mixité sociale de ces spectacles. En parallèle, le second axe, le répertoire des théâtres non privilégiés, sera étudié sous son angle générique et dramaturgique ; l’analyse s’appuiera sur les pièces connues mais aussi sur les 60 inédites (40 pour la Foire, 20 pour les Italiens).

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Les pièces foraines seront choisies en fonction de leurs formes – écriteaux, monologues, pièces en jargon, pantomimes, opéras-comiques pour marionnettes etc. – pour favoriser une synthèse sur la création sous la contrainte. Les cinq chercheurs italiens du programme seront en charge de l’édition des pièces en italien ou bilingues ; ils travailleront de plus à l’étude des transferts culturels Italie-France (pour les textes comme pour la musique, fondamentale dans l’opéra-comique de la Foire).

L’axe concernant l’économie du spectacle sera quant à lui abordé en deux temps : les deux premières années seront consacrées à la compréhension des documents d’archives, à la comparaison à partir d’années-sondages, tous les dix ans. Les deux années suivantes, les résultats proviendront d’une exploitation systématique et exhaustive de la base renseignée grâce à l’outil construit par les chercheurs de STIC. On pourra donc faire des bilans pour globalement cerner : l’importance de la musique et de la danse (salaires des danseurs, des musiciens, des copistes de partition, présence des instruments) ; l’apparition des droits d’auteur et leur courbe ; le coût des non-artistes du « monde invisible de l’art » (domestiques, gardes, perruquiers, habilleuses, porteurs de chandelles, souffleur, menuisiers, tapissiers, imprimeurs d’affiches etc.)

Pour l’outil d’aide à la saisie (par reconnaissance optique) confié à l’IRCCyN et au LINA, en collaboration avec les chercheurs SHS du projet, les techniques de reconnaissance de l’écriture actuelle trouvent leur limite dans le cas de l’écriture manuscrite ancienne, très irrégulière. Nous proposons d’intégrer la redondance (techniques de clustering) au sein du processus de segmentation et de reconnaissance. Le travail sera basé sur une analyse structurelle stable localement dans la collection. Cette analyse permettra de limiter la combinatoire et de repérer les redondances grâce à une mise en contexte du texte à reconnaître dans les documents. Pour la reconnaissance, un des enjeux sera de mettre un place un couplage entre deux systèmes de reconnaissance : avec et sans lexique. Pour optimiser ce travail et le faire fructifier, le LINA mettra à profit son expertise dans le domaine de la gestion, l’analyse et la visualisation de données. En particulier, il s’agira de (a) comprendre les modèles en vigueur aux XVIIe et XVIIIe siècles, par exemple la logique comptable de la Comédie-Italienne, afin de concevoir des modèles de données à même d’intégrer toute l’information des documents d’archive et d’en relever les incohérences. Par exemple, un travail liminaire a permis d’identifier des erreurs de datation dans les registres (un 29 février inexistant) (b) mettre en place une plate-forme ouverte et des outils de recherche et d’exploration visuelle avancées pour parcourir en toute liberté la masse d’information (c) conduire des analyses à base d’apprentissage automatique et de réduction de données afin de dégager les éléments saillants (tendances, régularités ou au contraire phénomènes exceptionnels, etc.).

Enjeux du projet

Le projet CIRESFI entreprend de mettre en relation tous les éléments et événements qui concernent un spectacle des théâtres de la Foire ou de la Comédie-Italienne, depuis le coût de la production, les accessoires utilisés, les acteurs employés, la composition sociale du public, les instruments utilisés par l’orchestre, les danses et les textes.

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Partenaires

l’AMO - L’Antique, Le Moderne - Université de Nantes

LINA - Laboratoire d’Informatique de Nantes-Atlantique - Université de Nantes

IRCCyN - Institut de Recherche en Communications et Cybernétique de Nantes - Université de Nantes

CHEC - Centre d’Histoire Espaces et Cultures - Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand

CERHIC - Centre d’Etudes et de Recherche en Histoire Culturelle - Université de Reims Champagne-Ardennes

ELCI - Equipe littérature et culture italiennes - Université Paris Sorbonne

CAM - Université de Cambridge

MIT - Massachusetts Institut of Technology

UDUR - Université de Durham

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